Quel engagement des équipes après la crise ? - Agefi Indices, Février 2022 - D. Held
Lorsqu’on assiste à des démissions massives, lorsqu’on constate un absentéisme accru, lorsqu’on observe une fatigue générale, nous avons des signes clairs d’un engagement en chute. Il est donc plus qu’indiqué – vital même – d’en comprendre les vraies raisons, avant de se précipiter dans des réponses toutes faites. Cela peut donc être un moment privilégié pour lancer une enquête d’engagement pertinente, afin d’identifier les leviers prioritaires d’action. Il s’agit en effet de prendre les bonnes mesures, peut-être inconfortables, dont votre organisation a vraiment besoin, souvent très différentes des solutions à la mode.
La question de comprendre les leviers de l’engagement a toujours été d’actualité. Avec les incertitudes, le home office et une gestion souvent très « court-termiste », elle prend une dimension nouvelle. Nous recommandons de d’explorer le sujet selon 4 axes clés pour une dynamique humaine optimale :
- Le travail et la manière dont il permet de se réaliser et de se développer
- L’environnement, les conditions et l’organisation du travail
- La dynamique humaine (manager, équipe, climat
- L’entreprise, sa stratégie, sa direction, son fonctionnement, sa manière ’innover et d’interagir avec ses clients.
Ceci permet de connaître les éléments qui ne sont pas à la hauteur des attentes. C’est aussi une base pour explorer le vécu émotionnel associé à ces axes, c’est-à-dire la manière dont les individus ressentent les différentes dimensions et l’énergie qui en découle. En effet, selon les contextes, l’impact des facteurs d’insatisfaction n’est de loin pas le même - parfois énorme, parfois négligeable.
C’est ainsi qu’on pourra comprendre ce qui influence l’engagement et les leviers qui le composent - qui sont notamment l’adhésion au projet d’entreprise, l’envie de se dépasser pour faire la différence, l’envie aussi de se proposer comme ambassadeur de l’organisation, fiers d’en faire partie, et la confiance dans les instances dirigeantes.
La plupart des enquêtes mesurent uniquement la satisfaction, ce qui reste descriptif. La mesure de l’engagement permet la progression, voire la transformation, pour s’adapter au changement, surmonter ensemble des difficultés, innover, proposer des expériences clients différenciantes, ...
La période de crise sanitaire, en faisant la place belle à l’amélioration des processus et à la digitalisation, a facilité l’élimination de facteurs d’inefficacité. Elle a permis à certains de gagner en confort de travail, d’aller beaucoup plus vite à l’essentiel, de mieux gérer les projets et opérations. Pour d’autres, elle a conduit à un sentiment d’isolement, à une perte de lien social et de sens, et à un autre stress, lié à trop d’écran, trop de sédentarité, pas assez d’ouverture, ...
Ces éléments sont importants, et il s’agit d’y apporter des réponses. Mais la question qui va vraiment importer dans la durée est la suivante : dans quelle mesure l’entreprise a-t-elle réussi, durant cette période, à développer la dynamique humaine de l’organisation, donc à donner envie aux acteurs de s’impliquer, de progresser et de réussir ensemble dans la durée.
Le « Réussir ensemble » est le signe de l’existence d’un projet fort, qui fait du sens en termes de valeur ajoutée apportée aux clients et à la société. Ce n’est pas le chiffre d’affaires ni la rentabilité seuls qui en seront l’expression, mais le fait de mettre ensemble les talents et les énergies pour réussir à passer d’un modèle à adopter un modèle centré non sur les processus mais sur le client et le potentiel humain pour une performance durable. Un modèle qui réclame inévitablement un leadership fort, de l’engagement, de la compétence, de l’innovation, de l’agilité et de la résilience.
Avec une approche centrée sur l’engagement, les transformations nécessaires se font naturellement et en profondeur, aspirées par un projet clair. Et c’est vraiment là que réside la clé pour répondre aux défis quantiques, mais réalisables, auxquelles nos organisations et sociétés sont confrontées, et éviter de la sorte de reproduire des modèles sans avenir, et qui montrent déjà leurs limites au quotidien. Donc créer du nouveau, avoir confiance dans l’humain - et c’est beaucoup plus facile qu’on ne le pense - pour mieux lâcher l’ancien.
